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Poets of the past


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Sardines à l'huile...

By Fourest Georges

Sardines à l’huile
 
Dans leur cercueil de fer-blanc
Plein d’huile au puant relent
Marinent décapités
Ces petits corps argentés
Pareils aux guillotinés
Là-bas au champ des navets !
Elles ont vu les mers, les
Côtes grises de Thulé,
Sous les brumes argentées
La Mer du Nord enchantée…
Maintenant dans le fer-blanc
Et l’huile au puant relent
De toxiques restaurants
Les servent à leurs clients !
Mais loin derrière la nue
Leur pauvre âmette ingénue
Dit sa muette chanson
Au Paradis-des-poissons,
Une mer fraîche et lunaire
Pâle comme un poitrinaire,
La Mer de Sérénité
Aux longs reflets argentés
Où durant l’éternité
Sans plus craindre jamais les
Cormorans et les filets,
Après leur mort nageront
Tous les bons petits poissons !....
 
Sans voix, sans mains, sans genoux,
Sardines, priez pour nous !...
 
Le doigt de Dieu
 
Il avait violé sa sœur, coupé sa mère
En tout petits morceaux : jugeant la vie amère
Et se voulant donner quelque distraction,
Il servit à son père une décoction
Vénéneuse, du foie et des reins ennemie
(Car il avait beaucoup potassé la chimie)
Cette mixture fit mourir le doux vieillard.
Il était mal poli, journaliste, paillard,
Trichait au jeu, faisait des vers, fumait la pipe
Dans la rue et, le soir, il se gavait de tripe
A la mode de Caen parmi des croque-morts.
D’ailleurs, il n’éprouvait pas l’ombre d’un remords
Et vivait très correct et très digne et coulait de
Bien beaux jours (comme fait M Paul Déroulède).
Mais Dieu possède un DOIGT et l’immoralité
Ne saurait échapper à la fatalité…
Un matin, comme il avait fait la grande fête
Un pot de réséda lui tomba sur la tête,
Et le Seigneur l’admit au Paradis profond
Car il était plus vif que méchant dans le fond !....