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Poets of the past


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Les femmes savantes Acte IV

By Molière

Les femmes savantes (extraits)

Acte IV  Scène II (extraits)

Armande

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Clitandre

 

 

 

 

 

 

 

Armande

 

 

 

 

 

 

 

Clitandre

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Clitandre

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Clitandre

 

Je ne souffrirais point, si j’étais que de vous,

Que jamais d’Henriette il pût être l’époux.

On me ferait grand tort d’avoir quelque pensée

Que là-dessus je parle en fille intéressée,

Et que le lâche tour que l’on voit qu’il me fait

Jette au fond de mon cœur quelque dépit secret :

Contre de pareils coups l’âme se fortifie

Du solide secours de la philosophie,

Et par elle on se peut mettre au-dessus de tout.

Mais vous traiter ainsi, c’est vous pousser à bout :

Il est de votre honneur d’être à ses vœux contraire,

Et c’est un homme enfin qui ne doit point vous plaire.

Jamais je n’ai connu, discourant entre nous,

Qu’il eût au fond du cœur de l’estime pour vous.

…..

Eh ! doucement de grâce : un peu de charité,

Madame, ou tout au moins un peu d’honnêteté.

Quel mal vous ai-je fait ? et quelle est mon offense,

Pour armer contre moi toute votre éloquence ?

Pour vouloir me détruire et prendre tant de soin

De me rendre odieux aux gens dont j’ai besoin ?

Parlez, dites, d’où vient ce courroux effroyable ?

Je veux bien que Madame en soit juge équitable.

Si j’avais le courroux dont on veut m’accuser,

Je trouverais assez de quoi l’autoriser :

Vous en seriez trop digne, et les premières flammes

S’établissent des droits si sacrés sur les âmes,

Qu’il faut perdre fortune, et renoncer au jour,

Plutôt que de brûler des feux d’un autre amour ;

Au changement des vœux nulle horreur ne s’égale,

Et tout cœur infidèle est un monstre en morale.

Appelez-vous, Madame, une infidélité

Ce que m’a de votre âme ordonné la fierté ?

Je ne fais qu’obéir aux lois qu’elle m’impose ;

Et si je vous offense, elle seule en est la cause.

Vos charmes ont d’abord possédé tout mon cœur :

Il a brûlé deux ans d’une constante ardeur ;

Il n’est soins empressés, devoirs, respects, services,

Dont il ne vous ai fait d’amoureux sacrifices.

Tous mes feux, tous mes soins ne peuvent rien sur vous ;

Je vous trouve contraire à mes vœux les plus doux.

Ce que vous refusez, je l’offre au choix d’une autre.

Voyez : est-ce, Madame, ou ma faute, ou la vôtre ?

Mon cœur court-il au change, ou si vous l’y poussez ?

Est-ce moi qui vous quitte, ou vous qui me chassez ?

….

Pour moi, par un malheur, je m’aperçois, Madame,

Que j’ai, ne vous déplaise, un corps tout comme une âme,

Je sens qu’il y tient trop, pour le laisser à part ;

De ces détachements je ne connais point l’art ;

Le Ciel m’a dénié cette philosophie,

Et mon âme et mon corps marchent de compagnie.

Il n’est rien de plus beau, comme vous avez dit,

Que ces vœux épurés qui ne vont qu’à l’esprit,

Ces unions de cœur, et ces tendres pensées

Du commerce des sens si bien débarrassées.

Mais ces amours pour moi sont trop subtilisés ;

Je suis un peu grossier, comme vous m’accusez ;

J’aime avec tout moi-même, et l’amour qu’on me donne

En veut, je le confesse, à toute la personne.

Ce n’est pas là matière à de grands châtiments ;

Et, sans faire de tort à vos bons sentiments,

Je vois que dans le monde on suit fort ma méthode,

Et que le mariage est assez à la mode,

Passe pour un lien assez honnête et doux,

Pour avoir désiré de me voir votre époux,

Sans que la liberté d’une telle pensée

Ait dû vous donner lieu d’en paraître offensée.

……

Mais Monsieur Trissotin n’a pu duper personne,

Et chacun rend justice aux écrits qu’il nous donne :

 Hors céans, on le prise en tous lieux ce qu’il vaut ;

Et ce qui m’a vingt fois fait tomber de mon haut,

C’est de vous voir au ciel élever des sornettes

Que vous désavoueriez, si vous les aviez faites.

 

……

Acte IV  Scène III (extraits)

 

Philaminte

 

 

 

Clitandre

 

 

 

 

 

Trissotin

 

Clitandre

 

Trissotin

Clitandre

 

 

 

 

Trissotin

 

Clitandre

 

 

Trissotin

 

Clitandre

 

…..

Remettons ce discours pour une autre saison :

Monsieur n’y trouverait ni rime, ni raison ;

Il fait profession de chérir l’ignorance,

Et de haïr surtout l’esprit et la science.

Cette vérité veut quelque adoucissement.

Je m’explique, Madame ; et je hais seulement

La science et l’esprit qui gâtent les personnes.

Ce sont choses de soi qui sont belles et bonnes ;

Mais j’aimerais mieux être au rang des ignorants

Que de me voir savant comme certaines gens.

Pour moi, je ne tiens pas, quelque effet qu’on suppose,

Que la science soit pour gâter quelque chose.

Et c’est mon sentiment, qu’en faits comme en propos,

La science est sujette à faire de grands sots.

Le paradoxe est fort.

Sans être fort habile,

La preuve m’en serait, je pense, assez facile :

Si les raisons manquaient, je suis sûr qu’en tous cas

Les exemples fameux ne me manqueraient pas.

….

J’ai cru jusques ici que c’était l’ignorance

Qui faisait les grands sots, et non pas la science.

Vous avez cru fort mal, et je vous suis garant

Qu’un sot savant est sot plus qu’un sot ignorant.

…..

Il faut que l’ignorance ait pour vous de grands charmes,

Puisque pour elle ainsi vous prenez tant les armes.

Si pour moi l’ignorance a des charmes bien grands,

C’est depuis qu’à mes yeux s’offrent certains savants.

…..

Acte IV  Scène IV (extraits)

 

Philaminte

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Armande

…..

Voilà sur cet hymen que je me suis promis

Un mérite attaqué de beaucoup d’ennemis ;

Et ce déchaînement aujourd’hui me convie

A faire une action qui confonde l’envie,

Qui lui fasse sentir que l’effort qu’elle fait

De ce qu’elle veut rompre aura pressé l’effet.

Reportez tout cela sur l’heure à votre maître,

Et lui dites qu’afin de lui faire connaître

Quel grand état je fais de ses nobles avis,

Dès ce soir à Monsieur je marierai ma fille.

Vous, Monsieur, comme ami de toute la famille,

A signer leur contrat vous pourrez assister,

Et je vous y veux bien, de ma part, inviter.

Armande, prenez soin d’envoyer au Notaire

Et d’aller avertir votre sœur de l’affaire.

Pour avertir ma sœur, il n’en est pas besoin,

Et Monsieur que voilà saura prendre le soin

De courir lui porter bientôt cette nouvelle,

Et disposer son cœur à vous être rebelle.

…..

Acte IV  Scène V (extraits)

 

Henriette

 

 

 

Clitandre

….

Je vais tout essayer pour nos vœux les plus doux ;

Et si tous mes efforts ne me donnent à vous,

Il est une retraite où notre âme se donne,

Qui m’empêchera d’être à toute autre personne.

Veuille le juste Ciel me garder en ce jour

De recevoir de vous cette preuve d’amour.