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Poetry


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37 A Trouville

By Marc Rugani

A Trouville
 
Oh, comme cette journée fut belle ! Tant même
Que mon âme- heureuse- veut s’ouvrir d’un poème.
 
Car en ces heures de décembre, d’un dimanche
A Trouville, le soleil avec moi se lia d’amitié
Et brilla comme aux plus beaux jours de l’été.
Sous un ciel bleu très froid, mais bien emmitouflé
-mer calme, aucun vent sur la Manche-
Là où mes pas m’ont conduit je me suis promené.
 
Le long des quais au marché de la mer tout d’abord
Parmi les monstres fortement cuirassées
Homards, crabes et autres crustacés
Guerriers des mers aux senteurs iodées
-certains avaient leurs pinces liées-
Et tous les poissons plats et ronds aux formes très variées
-Mais je n’en ai point vu de carrés !-
Luisant sur fond de glace fraîchement débarqués
Des bateaux amarrés sur le port.
Oh, quel plaisir j’ai pris à voir, sentir et parfois à toucher
Tous ces êtres marins auxquels je suis peu habitué !
Habillés de mystère
Chaque fois leur vue me fait penser
Non sans effroi aux immensités indomptées
Et dangereuses et aux vertigineux et enténébrés abysses de la mer.
 
Puis du pas tranquille des chalands au marché de la terre
Près des vendeurs de pommes et diverses cochonailles
Et moult objets variés où j’ai fait quelques emplettes, à manger
Pour l’heure du midi ou le soir au dîner
Empli mon sac de poires et d’autres victuailles
Et puis d’un livre et d’un bonnet pour ma tête
-léger, de poésie
-chaud, en laine, avec pompon et oreillettes
Venu sans doute par mer des lointaines Amériques ou d’Asie.
 
Enfin au marché des artistes pour finir gaiement
Cette belle matinée
Avec Savignac, un homme affichant bien son talent
 
Un peu plus tard, près de deux heures passées
A l’horloge de l’église, mes pas m’ont guidé dans la direction opposée
Sur les planches ; les promeneurs devisant me croisaient d’un « bonjour »
Les amoureux enlacés me souriaient d’un « bonjour »
Interrompant leur baiser ; toutes proches, belles et qui faisaient les fières
Les maisons d’autrefois bâties face à la mer
Dont les vastes étendues de sables à leur pied m’ont souri
Scintillantes au soleil : « Fais le fou », « Joue », « Cours »
Semblaient-elles me dire. La mer aux vagues aplaties
Calme et comme ensommeillée
Me tenait un semblable discours.
La bonne humeur et la joie étaient au rendez-vous dans cet air iodé.
Toutefois, tout au long de ma marche, distants
Les cormorans et les mouettes me suivaient du regard, prudents.
 
Au retour, les boutiques de la ville ancienne
Ont déployé les vieux livres et leurs antiquités
Et les œuvres des artistes oubliés.
J’ai failli dépenser quelques sous : « Carpe diem »
Chuchotaient-ils dans leur langue de muets
Mais je n’ai pas écouté et donc n’en ai rien fait
Sauf au boulanger pour m’éviter la disette
A  mon repas du soir, une baguette.
 
J’écris ces quelques mots en regardant le port
Et les lumières qui scintillent dans le soir
Se mirant dans les eaux, comme des ors ;
Les goélands à la recherche d’un ver
Fouillent la vase et les goémons ;
Il fait sec, froid, le ciel est clair, c’est l’hiver
Mais le spectacle est beau, si agréable à voir.
 
Et mon âme comblée est en paix, et c’est bon.