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Poètes du temps passé


Sur cette page, vous trouverez une sélection de poèmes.

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Britannicus Acte III

Par Racine Jean

Acte III Scène 1 (extraits)

 

Burrhus

 

 

 

 

 

 

 

Burrhus

…..

Agrippine, Seigneur, est toujours redoutable.

Rome et tous vos soldats révèrent ses aïeux ;

Germanicus son père est présent à leurs yeux.

Elle sait son pouvoir ; vous savez son courage ;

Et ce qui me la fait redouter davantage,

C’est que vous appuyez vous-même son courroux

Et que vous lui donnez des armes contre vous.

……

Surtout si de Junie évitant la présence

Vous condamniez vos yeux à quelques jours d’absence,

Croyez-moi, quelque amour qui semble vous charmer,

On n’aime point, Seigneur, si l’on ne veut aimer.

…….

Acte III Scène 3 (extraits)

 

Burrhus

……

Madame, jusqu’ici c’est trop tôt m’accuser.

L’Empereur n’a rien fait qu’on ne puisse excuser.

N’imputez qu’à Pallas un exil nécessaire :

Son orgueil dès longtemps exigeait ce salaire ;

Et l’Empereur ne fait qu’accomplir à regret

Ce que toute la cour demandait en secret.

Le reste est un malheur qui n’est point sans ressource :

Des larmes d’Octavie on peut tarir la source.

Mais calmez vos transports. Par un chemin plus doux,

Vous lui pourrez plutôt ramener son époux :

Les menaces, les cris, le rendront plus farouche.

………

Acte III Scène 4 (extraits)

 

Agrippine

…..

Quoi ! tu ne vois donc pas jusqu’où l’on me ravale,

Albine ? C’est à moi qu’on donne une rivale.

Bientôt, si je ne romps ce funeste lien,

Ma place est occupée, et je ne suis plus rien.

Jusqu’ici d’un vain titre Octavie honorée,

Inutile à la cour, en était ignorée.

Les grâces, les honneurs par moi seule versés,

M’attiraient des mortels les vœux intéressés.

Une autre de César a surpris la tendresse :

Elle aura le pouvoir d’épouse et de maîtresse.

Le fruit de tant de soins, la pompe des Césars,

Tout deviendra le prix d’un seul de ses regards.

Que dis-je ? l’on m’évite, et déjà délaissée….

Ah ! je ne puis , Albine, en souffrir la pensée.

Quand je devrais du ciel hâter l’arrêt fatal,

Néron, l’ingrat Néron…. Mais voici son rival.

Acte III Scène 6 (extraits)

 

Britannicus

……

Non, je la crois, Narcisse, ingrate, criminelle,

Digne de mon courroux ; mais je sens malgré moi

Que je ne le crois pas autant que je le doi.

Dans ses égarements mon cœur opiniâtre

Lui prête des raisons, l’excuse, l’idolâtre.

Je voudrais vaincre enfin mon incrédulité,

Je voudrais la haïr avec tranquillité.

…….

Acte III Scène 7 (extraits)

 

Junie

 

 

 

Britannicus

Junie

 

 

 

Britannicus

 

 

 

 

 

Junie

……

Mais Néron vous menace : en ce pressant danger,

Seigneur, j’ai d’autres soins que de vous affliger.

Allez, rassurez-vous, et cessez de vous plaindre :

Néron nous écoutait, et m’ordonnait de feindre.

Quoi ! le cruel….

Témoin de tout notre entretien,

D’un visage sévère examinait le mien,

Prêt à faire éclater sur vous la vengeance

D’un geste confident de notre intelligence.

Néron nous écoutait, Madame ! Mais, hélas !

Vos yeux auraient pu feindre, et ne m’abuser pas,

Ils pouvaient me nommer l’auteur de cet outrage.

L’amour est-il muet, ou n’a-t-il qu’un langage ?

De quel trouble un regard pouvait me préserver !

Il fallait…

Il fallait me taire et vous sauver.

Combien de fois, hélas ! puisqu’il faut vous le dire,

Mon cœur de son désordre allait-il vous instruire !

De combien de soupirs interrompant le cours

Ai-je évité vos yeux que je cherchais toujours !

Quel tourment de se taire en voyant ce qu’on aime,

De l’entendre gémir, de l’affliger soi-même,

Lorsque par un regard on peut le consoler !

Mais quels pleurs ce regard aurait-il fait couler !

Ah ! dans ce souvenir, inquiète, troublée,

Je ne me sentais pas assez dissimulée.

De mon front effrayé je craignais la pâleur ;

Je trouvais mes regards trop pleins de ma douleur.

Sans cesse il me semblait que Néron en colère

Me venait reprocher trop de soin de vous plaire ;

Je craignais mon amour vainement renfermé ;

Enfin j’aurais voulu n’avoir jamais aimé.

Hélas ! pour son bonheur, Seigneur, et pour le nôtre,

Il n’est que trop instruit de mon cœur et du vôtre !

Allez, encore un coup, cachez-vous à ses yeux ;

Mon cœur plus à loisir vous éclaicira mieux.

De mille autres secrets j’aurais compte à vous rendre.

…..

Acte III Scène 8 (extraits)

 

Néron

 

 

 

Britannicus

Néron

 

Britannicus

 

 

Néron

 

 

Britannicus

Néron

Britannicus

Néron

 

…….

Ainsi par le destin nos vœux sont traversés,

J’obéissais alors, et vous obéissez.

Si vous n’avez appris à vous laissez conduire,

Vous êtes jeune encore et l’on peut vous instruire.

Et qui m’en instruira ?

Tout l’Empire à la fois,

Rome.

Rome met-elle au nombre de vos droits

Tout ce qu’a de cruel l’injustice et la force,

Les empoisonnements, le rapt et le divorce ?

Rome ne porte point ses regards curieux

Jusque dans des secrets que je cache à ses yeux.

Imitez son respect.

On sait ce qu’elle en pense.

Elle se tait du moins ; imitez son silence.

Ainsi Néron commence à ne se plus forcer.

Néron de vos discours commence à se lasser.

…….

Acte III Scène 9 (extraits)

 

Néron

….

Arrêtez.

J’ignore quel projet, Burrhus, vous méditez ;

Mais depuis quelques jours, tout ce que je désire

Trouve en vous un censeur prêt à me contredire.

Répondez-m’en, vous dis-je ; ou, sur votre refus,

D’autres me répondront et d’elle et de Burrhus.