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Mais Néron vous menace : en ce pressant danger,
Seigneur, j’ai d’autres soins que de vous affliger.
Allez, rassurez-vous, et cessez de vous plaindre :
Néron nous écoutait, et m’ordonnait de feindre.
Quoi ! le cruel….
Témoin de tout notre entretien,
D’un visage sévère examinait le mien,
Prêt à faire éclater sur vous la vengeance
D’un geste confident de notre intelligence.
Néron nous écoutait, Madame ! Mais, hélas !
Vos yeux auraient pu feindre, et ne m’abuser pas,
Ils pouvaient me nommer l’auteur de cet outrage.
L’amour est-il muet, ou n’a-t-il qu’un langage ?
De quel trouble un regard pouvait me préserver !
Il fallait…
Il fallait me taire et vous sauver.
Combien de fois, hélas ! puisqu’il faut vous le dire,
Mon cœur de son désordre allait-il vous instruire !
De combien de soupirs interrompant le cours
Ai-je évité vos yeux que je cherchais toujours !
Quel tourment de se taire en voyant ce qu’on aime,
De l’entendre gémir, de l’affliger soi-même,
Lorsque par un regard on peut le consoler !
Mais quels pleurs ce regard aurait-il fait couler !
Ah ! dans ce souvenir, inquiète, troublée,
Je ne me sentais pas assez dissimulée.
De mon front effrayé je craignais la pâleur ;
Je trouvais mes regards trop pleins de ma douleur.
Sans cesse il me semblait que Néron en colère
Me venait reprocher trop de soin de vous plaire ;
Je craignais mon amour vainement renfermé ;
Enfin j’aurais voulu n’avoir jamais aimé.
Hélas ! pour son bonheur, Seigneur, et pour le nôtre,
Il n’est que trop instruit de mon cœur et du vôtre !
Allez, encore un coup, cachez-vous à ses yeux ;
Mon cœur plus à loisir vous éclaicira mieux.
De mille autres secrets j’aurais compte à vous rendre.
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