Il y a actuellement 14 visiteurs connectés.

Ce site a reçu 3082533 visites depuis sa création.

Poètes du temps passé


Sur cette page, vous trouverez une sélection de poèmes.

Cliquez directement sur l'auteur ou le titre de votre choix

12 Romances sans paroles

Par Verlaine Paul

3
 
Il pleure dans mon cœur
Comme il pleut sur la ville.
Quelle est cette langueur
Qui pénètre mon cœur ?
 
Ô bruit doux de la pluie
Par terre et sur les toits !
Pour un cœur qui s’ennuie,
O le chant de la pluie !
 
Il pleure sans raison
Dans ce cœur qui s’écoeure.
Quoi ! nulle trahison ?
Ce deuil est sans raison.
 
C’est bien la pire peine
De ne savoir pourquoi,
Sans amour et sans haine,
Mon cœur a tant de peine.
 
5
 
Le piano que baise une main frêle
Luit dans le soir rose et gris vaguement,
Tandis qu’avec un très léger bruit d’aile
Un air bien vieux, bien faible et bien charmant,
Rôde discret, épeuré quasiment,
Par le boudoir longtemps parfumé d’Elle.
 
Qu’est-ce que c’est que ce berceau soudain
Qui lentement dorlote mon pauvre être ?
Que voudrais-tu de moi, doux chant badin ?
Qu’as-tu voulu, fin refrain incertain
Qui vas tantôt mourir vers la fenêtre
Ouverte un peu sur le petit jardin ?
 
6
 
C’est le chien de Jean de Nivelle
Qui mord sous l’œil même du guet
Le chat de la mère Michel ;
François-les-bas-bleus s’en égaie .
 
La lune à l’écrivain public
Dispense sa lumière obscure
Où Médor avec Angélique
Verdissent sur le pauvre mur.
 
Et voici venir La Ramée
Sacrant en bon soldat du Roi.
Sous son habit blanc mal famé,
Son cœur ne se tient pas de joie,
 
Car la boulangère….-Elle ?- Oui dam !
Bernant Lustucru, son vieil homme,
A tantôt couronné sa flamme….
Enfants, Dominus vobis-cum !
 
Place ! en sa longue robe bleue
Toute en satin qui fait frou-frou,
C’est une impure, palsambleu !
Dans sa chaise qu’il faut qu’on loue,
 
Fût-on philosophe ou grigou,
Car tant d’or s’y relève en bosse,
Que ce luxe insolent bafoue
Tout le papier de monsieur Loss !
 
Arrière, robin crotté ! place,
Petit courtaud, petit abbé,
Petit poète jamais las
De la rime non attrapée !
 
Voici que la nuit vraie arrive…
Cependant, jamais fatigué
D’être inattentif et naïf,
François-les-bas-bleus s’en égaie.
 
7
 
Ô triste, triste était mon âme
A cause, à cause d’une femme.
 
Je ne me suis pas consolé
Bien que mon cœur s’en soit allé,
 
Bien que mon cœur, bien que mon âme
Eussent fui loin de cette femme.
 
Je ne me suis pas consolé,
Bien que mon cœur s’en soit allé.
 
Et mon cœur, mon cœur trop sensible
Dit à mon âme : Est-il possible,
 
Est-il possible- le fût-il ?-
Ce fier exil, ce triste exil ?
 
Mon âme dit à mon cœur : Sais-je,
Moi-même, que nous veut ce piège
 
D’être présents bien qu’exilés,
Encore que loin en allés ?