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Poètes du temps passé


Sur cette page, vous trouverez une sélection de poèmes.

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08 Extraits

Par Vigny Alfred de

La flûte (extraits)

 

« Un jour, je vis s’asseoir, au pied de ce grand arbre,

Un pauvre qui posa sur ce vieux banc de marbre

Son sac et son chapeau, s’empressa d’achever

Un morceau de pain noir, puis se mit à rêver.

Il paraissait chercher dans les longues allées

Quelqu’un pour écouter ses chansons désolées ;

Il suivait à regret la trace des passants

Rares et qui, pressés, s’en allaient en tous sens.

Avec eux s’enfuyait l’aumône disparue,

Prix douteux d’un lit dur en quelque étroite rue

Et d’un amer souper dans un logis malsain…. »

 

Le Mont des Oliviers (extraits)

 

« Alors il était nuit, Et Jésus marchait seul,

Vêtu de blanc ainsi qu’un mort de son linceul ;

Les disciples dormaient au pied de la colline….

…Connaissant les rochers mieux qu’un sentier uni,

Il s’arrête en un lieu nommé Gethsémani.

Il se courbe à genoux, le front contre la terre,

Puis regarde le ciel en appelant : « Mon père ! »

Mais le ciel reste noir, et Dieu ne répond pas.

Il se lève étonné, marche encore à grands pas,

Froissant les oliviers qui tremblent. Froide et lente

Découle de sa tête une sueur sanglante.

Il recule, il descend, il crie avec effroi :

«Ne pourriez-vous prier et veiller avec moi ? »

Mais un sommeil de mort accable les apôtres.

Pierre à la voix du maître est sourd comme les autres.

Le Fils de l’Homme alors remonte lentement ;

Comme un pasteur d’Egypte il cherche au firmament

Si l’Ange ne luit pas au fond de quelque étoile….. »

 

L’esprit pur (extraits)

 

« ….Ils furent opulents, seigneurs de vastes terres,

Grands chasseurs devant Dieu, comme Nemrod, jaloux

Des beaux cerfs qu’ils lançaient des bois héréditaires

Jusqu’où voulait la mort les livrer à leurs coups ;

Suivant leur forte meute à travers deux provinces,

Coupant les chiens du roi, déroutant ceux des princes,

Forçant les sangliers et détruisant les loups ;

 

Galants guerriers sur terre et sur mer, se montrèrent

Gens d’honneur en tout temps comme en tous lieux, cherchant

De la Chine au Pérou les Anglais qu’ils brûlèrent

Sur l’eau qu’ils écumaient du levant au couchant ;

Puis, sur leur talon rouge, en quittant les batailles,

Parfumés et blessés revenaient à Versailles

Jaser à l’Oeil-de-Bœuf avant de voir leur champ…

 

…Mais aucun, au sortir d’une rude campagne,

Ne sut se recueillir, quitter le destrier,

Dételer pour un jour ses palefrois d’Espagne,

Ni des coursiers de chasse enlever l’étrier,

Pour graver quelque page et dire en quelque livre

Comme son temps vivait et comment il sut vivre,

Dès qu’ils n’agissaient plus, se hâtant d’oublier…. »