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Poésies


Sur cette page, vous trouverez une sélection de poèmes.

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60 Non, la mer n'a rien de romantique

Par Marc Rugani

Non, la mer n’a rien de romantique
 
 
La mer, c’est seulement de la flotte
Une grande mare d’eau où des bestioles dedans barbotent
C’est tout ! Avec du sel
Beaucoup de sel
Au point d’être imbuvable
Avec du pastis, même rafraîchi de glaçons, c’est impensable !
Pouah ! La seule chose qu’on puisse faire
C’est de l’enlever
Après l’avoir asséchée
La mer !
Les paludiers savent faire.
 
D’accord, il y a quelques poissons dedans bons à manger
Mais c’est qu’il faut les attraper
Ces drôles de bêtes, elles ne se laissent pas faire
Il faut sur des grands bateaux de fer
Naviguer loin, lancer de longs filets au plus profond de la mer.
Et puis c’est plein d’arêtes qui piquent le gosier
En plus, beaucoup sont très méchants armés d’aiguilles, de pics
Et de venin, et d’autres comme des piles électriques
A les attraper innocemment, on risque un tas de maladies
De cœur et autres et des paralysies.
Ne parlons pas des crabes, homards, langoustes et araignées
Horribles insectes aquatiques
Semblables aux monstres préhistoriques
Tous bien armés et carapaçonnés
Avec leurs pinces énormes comme pour la guerre
Ni des palourdes, huitres, coques et praires
Avec leurs corps visqueux !
Beurk ! C’est absolument hideux !
Sans oublier les plus costauds d’entre eux, les rorquals
Et leurs cousins les requins et tous les squales
Qui ne pensent qu’à vous croquer
Avec leurs dents énormes et à vous digérer !
 
Non, la mer n’a rien de romantique.
 
Et puis, toutes ces bestioles qui s’entretuent, qui se dévorent
Les plus petits et les plus faibles mangés par les plus forts
Ne pensent qu’à une seule chose : à s’accoupler
A qui mieux mieux dans tous les coins de la mer et ses recoins, à forniquer
Car leur petit cerveau ne porte qu’une obsession :
Faire des petits, à tout prix, assurer leur reproduction
Et sauvegarder l’espèce. Des quatre points cardinaux
Du nord au sud, de l’ouest à l’est,  dans toute la mer ainsi
Naviguent entre deux eaux
Leurs spermes et leurs petits
Des larves en nombre incalculable
Monstrueux , incommensurable.
 
Non, la mer n’a rien de romantique
 
Et attention, si l’envie vous prend inopportunément d’aller voguer
Dessus ou d’y pêcher
Et que le bateau, manque de pot
Prenne l’eau : noyade ! Et vous voilà bientôt
Dans l’estomac de ces crustacés et de ces poissons
Coupés en petits morceaux
Dépecés
Déchiquetés
Broyés
Finement hachés
Comme un pâté !
Si par hasard tenté par l’aventure en soit bien moins risquée
D’y tremper le pied
Ou plus encore de vous baigner
Vraiment quelle drôle d’idée !
Montrer ainsi à tous que vous savez nager
Attention encore une fois :
La mer, ça mouille, c’est froid
Très vite, surtout s’il y a du vent
On grelotte, on claque des dents,
On a la chair de poule, on attrape froid
Alors, plus vite encore
Il faut non pas au petit trot mais au galop se sécher
Sortir du sac de plage des affaires chaudes et se changer
Sinon à tous les coups on prend la mort.
 
Non, la mer n’a rien de romantique
 
Et puis il faut le dire et le redire :
Elle est polluée, la mer, il n’y a pas pire
C’est une poubelle ; tous les ruisseaux
Toutes les rivières, les fleuves déversent dans ses eaux
Tout ce qu’ils ont trouvé par monts et vaux
Au fil  de leurs longs cours, depuis les glaces des hautes montagnes
Aux plaines et aux campagnes
Et toutes les villes traversées
Tout ce qu’on a jeté
Abandonné et oublié
Des monceaux d’ordures
Et d’immondices, des Everest de pourritures
Tout arrive à la mer, et à ses habitants, les poissons
Les crustacés, les algues, une manne pour ces gloutons
 Dont nous nous régalons.
 
Bruyante aussi, la mer, à chaque instant
Sans moment de répit, par grand calme ou par fort vent
Toujours le clapotis sur le rivage
Ou le ressac et l’écrasement des vagues sur les rochers par grands orages
Jamais le doux silence ; le soir après une journée de mer
Les oreilles sifflent comme un chemin de fer.
 
Non, la mer n’a rien de romantique.
 
Les poètes- illuminés
Pour la plupart et tous rêveurs- j’ai rencontré
Beaucoup d’entre eux- grands poètes ou à dix sous
Qui tous veulent disperser leurs cendres dans la mer : des fous !
Disent avec de jolies phrases et plein de mots que la mer
Certains jours de pleine lune a des colères
Terribles, qu’elle s’emporte, qu’elle fait sa mauvaise tête
Et qu’en courroux déchaîne la tempête
Mais qu’au contraire sous d’autres jours et d’autres lunes elle devient sage
Et très gentille, en somnolant sur le rivage.
Bêtises ! La mer n’a pas de sentiments
Quand elle bouge, c’est grâce au vent très agissant et dynamique
Et à la lune, un point c’est tout ! C’est mécanique
Car elle est molle, mollasse et malléable, la mer
Elle est sans énergie, elle n’a pas de caractère
La mer !
 
Non, la mer n’a rien de romantique.
 
C’est de la flotte, la mer, juste H2O
De l’eau.
 
Non, la mer n’a rien de romantique.