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Poésies


Sur cette page, vous trouverez une sélection de poèmes.

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43 Le lombric

Par Marc Rugani

Le lombric

 

Lors de ma promenade ce matin j’ai failli marcher sur un lombric.

Cet animal  que je trouve fort sympathique

Pour vouloir faire de la terre

Où il demeure un immense gruyère

Traversait le chemin de ses reptations élastiques

Aussi vite qu’il le pouvait : il allait bien lentement !

Tout occupé à admirer le ciel, je l’ai vu au dernier moment

C’est qu’il se déplaçait silencieusement !

De belle taille, il était rond et d’un rouge éclatant.

 

Que faisait là ce ver ?

C’est un bien  grand mystère

Car d’habitude ces animaux ne sortent guère

Ni en plein jour ni de leurs trous de terre.

Ce ne sont pas des vagabonds.

 

 

Et ils ont bien raison

Car au dehors les guettent dans les airs

Voraces des animaux à plumes dotés d’un méchant bec

Qui les dégustent sec.

 

Ils ont pour nom Corbeau- aussi noir que charbon-

Ou Corneille, c’est selon

Et Pie- aux deux couleurs-

Qui à la chasse sont loin d’être amateurs.

 

Ces deux oiseaux sont de vrais tueurs

-Des drôles d’oiseaux, je vous assure-

Qui des vers font leur pâture.

 

Ils s’en régalent d’un coup de bec tranchant, comme un ciseau

Les découpant en quatre, en six, en petits morceaux

Puis les gobant presto.

 

Et quand au printemps de leurs amours naissent des petits

A tire d’ailes ils les apportent au nid

Ainsi tout tronçonnés, tout préparés

Aux affamés goulus pour être dégustés !

 

Bien qu’elles fréquentent nos villes et le voisinage

De nos maisons, Corneilles et Pies sont demeurées des bêtes sauvages

Qui chassent et tuent comme nous humains aux Premiers Ages.

Aujourd’hui il paraitrait que nous agirions bien autrement et à notre avantage

Car nous ferions de l’élevage.

 

Mais c’est un grand mensonge, et cent fois pire nous faisons

Car lorsque le bœuf ou le mouton

Ayant brouté paisiblement leur pré, le poulet ou le cochon

Sont bien dodus, bien engraissés, bien ronds

Aussitôt sans hésiter nous les tuons.

 

Hypocritement avant on les insémine

Pour qu’ils soient plus nombreux plus gros plus vite, on les vaccine

 On les gave et les chouchoute jusqu’à les baptiser de tendres noms

« Marguerite », « Blanquette » ou « Pompon » 

Puis on les assassine !

 

Même les petits encore à la tétine

Veaux, porcelets, agneaux !

Alors une fois pendus aux crocs

Avec dextérité on les découpe à la scie ou au couteau

En tranches, en filets, en gigots

On les mixe, on les broie pour au four ou au chaudron

A la broche ou à la poêle leur assurer une bonne cuisson

Pour qu’ils remplissent nos assiettes et nos bedons !

 

Sans états d’âme et sans remords nous en faisons des boulettes

Des pâtés et pour nos chiens des croquettes !

Les pieds, le foie, la cervelle, la tête

La peau, tout y passe, rien ne reste !

 

Nous sommes en fait comme ces oiseaux des tueurs

Mais bien moins qu’eux des amateurs

Car tout par nous est planifié, organisé et calculé

-C’est une vraie industrie- pour tuer et pour manger.

 

Et ce massacre a pris de gigantesques proportions maintenant

Que nous sommes 6 milliards d’habitants

Telles que pour assurer toutes nos ripailles, sans fin

Chaque jour et en tous lieux coulent sur la terre des rivières de sang

De tous ces animaux morts que l’homme pour assouvir sa faim

A tués.

 

Voilà ce à quoi j’ai pensé

En voyant le ver traverser.

J’ai fait un écart pour ne pas l’écraser.

Je n’aurais point voulu que mon lombric

Se transforme soudain en un éclat rouge magnifique.

 

Je l’ai pris délicatement

-Il protestait en gigotant dans tous les sens- et doucement

Je l’ai posé dans l’herbe verte où

Vite Il irait faire son trou.

 

Et je lui ai dit silencieusement: « Ami lombric, fais attention !

                                                       Ne vas pas n’importe où avec tes reptations !                                                      

Dehors il y a des prédateurs

Qui veulent te manger, des oiseaux tueurs ! »

 

Je suis resté avec le ver

Jusqu’à ce qu’il entre dans son abri de terre.

Puis j’ai continué mon chemin tranquillement

En regardant où je mettais mes pieds,  très soigneusement.