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Poètes du temps passé


Sur cette page, vous trouverez une sélection de poèmes.

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11 La bonne chanson

Par Verlaine Paul

3
 
En robe grise et verte avec des ruches,
Un jour de juin que j’étais soucieux,
Elle apparut souriante à mes yeux
Qui l’admiraient sans redouter d’embûches.
 
Elle alla, vint, revint, s’assit, parla,
Légère et grave, ironique, attendrie :
Et je sentais en mon âme assombrie
Comme un joyeux reflet de tout cela ;
 
Sa voix, étant de la musique fine,
Accompagnait délicieusement
L’esprit sans fiel de son babil charmant
Où la gaîté d’un cœur bon se devine.
 
Aussi soudain fus-je, après le semblant
D’une révolte aussitôt étouffée,
Au plein pouvoir de la petite Fée
Que depuis lors je supplie en tremblant.
 
5
 
Avant que tu ne t’en ailles,
Pâle étoile du matin,
-Mille cailles
Chantent, chantent dans le thym-
 
Tourne devers le poète,
Dont les yeux sont pleins d’amour,
-L’alouette
Monte au ciel avec le jour-
 
Tourne ton regard que noie
L’aurore dans son azur ;
-Quelle joie
Parmi les champs de blé mur !-
 
Puis fais luire ma pensée
Là-bas, bien loin, oh ! bien loin !
-La rosée
Gaîment brille sur le foin-
 
Dans le doux rêve où s’agite
Ma mie endormie encor…
-Vite ! vite,
Car voici le soleil d’or !-
 
13
 
Hier, on parlait de choses et d’autres,
Et mes yeux allaient recherchant les vôtres ;
 
Et votre regard recherchait le mien
Tandis que courait toujours l’entretien.
 
Sous le sens banal des choses pesées
Mon amour errait après vos pensées ;
 
Et quand vous parliez, à dessein distrait,
Je prêtais l’oreille à votre secret :
 
Car la voix, ainsi que les yeux de Celle
Qui vous fait joyeux et triste, décèle,
 
Malgré tout effort morose ou rieur,
Et met au plein jour l’être intérieur.
 
Or, hier je suis parti plein d’ivresse :
Est-ce un espoir vain que mon cœur caresse,
 
Un vain espoir, faux et doux compagnon ?
Oh ! non ! n’est-ce pas ? n’est-ce pas que non ?
 
14
 
Le foyer, la lueur étroite de la lampe ;
La rêverie avec le doigt contre la tempe
Et les yeux se perdant parmi les yeux aimés ;
L’heure du thé fumant et des livres fermés ;
La douceur de sentir la fin de la soirée ;
La fatigue charmante et l’attente adorée
De l’ombre nuptiale et de la douce nuit,
Oh ! tout cela, mon rêve attendri le poursuit
Sans relâche, à travers toutes remises vaines,
Impatient des mois, furieux des semaines !